Les arts au lycée Louis Feuillade

Arts Plastiques et Cinéma-Audiovisuel

Les Vampires 1915
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Guérande, journaliste au Mondial, est chargé d'enquêter sur les crimes commis par une bande de malfaiteurs, les Vampires. Un cadavre sans tête est découvert; Guérande retrouve la tête chez le Dr Nox, un ami de son père et Grand Vampire. Une danseuse lui promet des révélations, mais on lui passe au doigt une bague empoisonnée. Guérande est sur la piste de la maîtresse du Grand Vampire, une chanteuse, Irma Vep, mais sa mère est enlevée. Surgit un autre bandit, Moreno, que Guérande capture. Celui-ci s'évade. Donnant un grand bal, les vampires asphyxient leurs invités pour dérober leurs bijoux. Mais ils sont eux-mêmes volés par Moreno. Le même Moreno charge Irma Vep d'assassiner le Grand Vampire. Un nouveau chef paraît, Satanas. Irma Vep ayant été capturée, Satanas fait couler a coups de canon le navire qui l'emmène au bagne. Pris à son tour, il se suicide. Venenos remplace Satanas. Il met au point un poison pour se défaire de Guérande. Finalement, la bande est encerclée dans une villa et anéantie.Ce film délirant est le chef-d'oeuvre de Feuillade. Il s'agissait de faire concurrence aux Mystères de New York de Pathé, qui bénéficièrent d'une énorme publicité (voir la page "serial"). De plus, les interprètes étant mobilisés, il fallait les tuer dans le film, d'où hécatombe des chefs des vampires. Enfin, Feuillade eut des ennuis avec le préfet de ponce, qui fit interdire pendant deux mois la série. Déjà Fantômas avait suscité l'ire des ligues de vertu. Le collant noir de Musidora aggrava les choses. Excédé, Feuillade renonça aux bandits pour Judex.

Édouard Mathé (Philippe Guérande),
Marcel Levesque (Oscar Mazamette),
Jean Ayme (Le Grand Vampire),
Musidora (Irma Vep).
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Philippe Les épisodes :

1. La tête coupée;
2. La bague qui tue;
3. Le cryptogramme rouge;
4. Le spectre;
5. L'évasion du mort;
6. Les yeux qui fascinent;
7. Satanas;
8. Le maître de la foudre;
9. L'homme des poisons;
10. Les noces sanglantes.
Aragon n'est pas tendre avec "Les Vampires". Dans un texte étonnant il n'hésite pas à critiquer avec sévérité Louis Feuillade.

"C'était l'œuvre d'un piètre metteur en scène, Louis Feuillade, qui s'est depuis cette époque signalé par la nullité de sa production. Film Gaumont, c'est aussi tout dire. Mais d'admirables acteurs, et le choix d'un sujet qui tombait par hasard à pic, à cette époque, firent de ce qui aurait pu être une platitude l'une des épopées qui marquèrent, plus vivement que la Marne ou Verdun, l'esprit de quelques hommes. Le feuilleton cinématographique était alors une nouveauté. Une fièvre véritable prenait ces adolescents, et ce n'était pas tant la suite d'un roman qu'ils attendaient, que sa fin. L'entraînement où ces aventuriers précis et émouvants se trouvaient précipités, voilà qui posait pour la première fois d'une façon grandiloquente et manifeste le problème intellectuel de la vie qu'on a voulu, depuis, réduire à quelques petits cas littéraires: Leibniz, Rimbaud ou Barrès. Il était facile de généraliser du cas de Moreno ou d'Irma Vep à celui de toute créature humaine: l'impossibilité d'éviter la catastrophe terminale. A ce point étonnant de confusion morale où les hommes vivaient, comment ceux-ci qui étaient jeunes ne se fussent-ils point reconnus dans ces bandits splendides, leur idéal et leur justification? Et pour rendre plus exaltante cette constatation, cet enthousiasme défendu, les journaux dénonçaient le cinéma école du crime. Les enfants en proie à la révision des idées n'allaient-ils se parer à leurs propres yeux d'un prestige incomparable en acceptant secrètement ce lieu commun de la presse? Oui, ils couraient où les appelait le CRIME, le seul soleil qui ne fut point encore sali.

A cette magie, à cette attraction, s'ajoutait le charme d'une grande révélation sexuelle. Les théâtres étaient ou fermés ou entrouverts à peine. Le Moulin Rouge venait de flamber. Dans cet incendie qui pouvait être un désastre pour la sensualité de milliers de jeunes gens, que restait-il qui donnât sa forme et son sceau aux désirs d'un peuple naissant? Il appartint au maillot noir de Musidora de préparer à la France des pères de famille et des insurgés".

In "les Vampires", Louis Aragon (1923), dans '"Projet d'histoire littéraire contemporaine", publié en 1994 chez Gallimard, collection Digraphe.
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Musidora

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Le journaliste et le croque-mort enquêtent

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Le Grand Vampire attend sa victime

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