Les arts au lycée Louis Feuillade

Arts Plastiques et Cinéma-Audiovisuel

L'histoire du GIF
1 – Au commencement.
Le format GIF  - Graphics Interchange Format - fut inventé en 1987 par Steve Wilhite dans les studios du réseau Compuserve (sorte de Minitel américain qui s’étendra dans le monde entier dans les années 80-90).  Nous étions à une époque où les débits sur les réseaux étaient lents obligeant les développeurs à comprimer de manière optimale les données notamment les images. Le problème concernait moins une petite icône en 3 couleurs qu’une photographie originale de plusieurs milliers de couleurs.
Le GIF fut une réponse efficace puisqu’il permet d’alléger fortement les images avec l’algorithme de compression LZW tout en gardant la finesse de ses détails mais avec un nombre de couleurs réduit.
En passant d’une gamme de plusieurs milliers de couleurs à 256 maximum l’image semble malgré tout assez proche de sa source. Cela est principalement dû à la capacité de notre œil à distinguer simultanément qu’un nombre limité de quelques centaines de couleurs. Nous pouvons bien distinguer plusieurs milliers de couleurs mais pas en temps.
Mais en 1987, une image en 256 couleurs c’est encore un peu lourd pour les tuyaux de l’époque et bien souvent les images GIFs ont une gamme de couleurs qui se limitent à quelques dizaines.  C’est largement suffisant pour un petit graphique mais pas pour une photo qui exige bien la totalité des 256 couleurs.
La possibilité d’animer des images GIF date de 1989 mais le premier navigateur internet à pouvoir les afficher en boucle à l’écran fut Mosaic (qui deviendra peut après Netscape) en septembre 1995.
Le règne du GIF était lancé. Les pages HTML s’animaient un peu partout et bien souvent sans grande cohérence graphique.
Mais Le côté « sapin de Noël clignotant » et kitch des images en boucle lassera peu à peu les utilisateurs et surtout les web-designers qui avaient d’autres exigences esthétiques pour leurs sites. Ils se sont tournés vers le JPEG, un nouveau format apparu en 1992 qui faisait tout l’inverse du GIF :  une palette de milliers de couleurs, du flou dans les détails et pas de gestion de l’animation. Pour les photos c’est parfait. Si on veut une bonne qualité d’image pour imprimer il suffit de réduire la compression, à l’inverse pour diffuser sur internet, sur des écrans en 96 dpi on peut augmenter la compression et avoir des images légères. C’est évidemment le format des images des appareils photos numériques.
Un autre paramètre a beaucoup joué dans la mise en retrait du GIF : Unisys détenteur du brevet LZW a décidé en 1994 de demander des royalities aux créateurs de logiciels utilisant le GIF.
Il ne restait plus pour le GIF que le petit univers des icônes, des flèches et des boutons qui ont animé les sites personnels de MySpace dès 2000. Mais l’ancêtre de Facebook vivait ses dernières années.
 L’alternative aurait pu être le format PNG qui regroupe les avantages du JPEG et du GIF tout en permettant également de produire de petites animations, mais un autre format proposé par Adobe, le Flash,  allait s’imposer comme le format de l’animation sur internet notamment sur le nouveau phénomène du  web : Youtube (2005).
Flash, JPEG et un peu de PNG constituaient dans les années 2000 les trois grands formats d’images sur le net. Certes il y a d’autres formats numériques qui permettent d’obtenir des images de grande qualité mais elles sont peu adaptées avec leur poids élevé à l’univers des réseaux (du moins pour le moment).
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Le tout premier GIF de Steve Wilhite

Le premier GIF sur le net

Le premier GIF à apparaître sur internet (Compuserve en 1987) est une image d'un Macintosh.

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L'un des premiers GIF au statut "viral" à se répandre sur internet était l'image d'un bébé qui danse.
Un autre, pour gérer les pages en construction et illustrer le célèbre message "
Pour éviter le message d'erreur "404 page not found", c'est un GIF illustrant la construction qui se répend sur internet sous des formes très variées…
2 - GIF le retour
En 2003 et 2006 les brevets sur le GIF de Unisys et d’IBM expirent. Malgré son succès sur internet, le format Flash ne s’impose pas vraiment sur les smartphones pour de multiples raisons (droit, avenir technologique, etc..). Alors, à l’ére du Web 2.0 , le GIF avec son universalité et surtout sa facilité d’utilisation et de création dans l’animation va retrouver un immense intérêt auprès de tous les utilisateurs. Et même si Facebook ne le gère pas directement sur son réseau, d’autres l’acceptent pleinement comme Tumblr qui devient alors le temple de l’animation en boucle. Qu’elle soit produite à partir de photos ou de vidéos, la boucle devient un phénomène  de communication photographique apprécié des internautes. L’univers du smartphone offre peu à peu davantage d’applications  autour des images GIFs qui conjuguent rapidité de réalisation et effets singuliers.  La demande des utilisateurs est forte et les éditeurs de logiciels vont se lancer dans ce créneau particulièrement rentable.
Les GIFs animés sont plus légers que les vidéos, ne sont pas compliqués à produire et sur les ordinateurs ils peuvent être réalisés par de nombreux logiciels y compris le mastodonte de l’image numérique : Photoshop.
3 - La boucle : nouvel art de restituer le réel ?
Le phénomène des images en boucle ne constitue pas vraiment une nouveauté. Leurs racines se trouvent dans les formidables jouets optiques du XIX : Zootrope, Phénakistiscope, praxinoscope, le folioscope (flip book), etc..

 La nouvelle popularité des photographies animées va faire émerger de nouveaux outils et supports de création. En 2012 Twitter s’est doté d’un lecteur GIF et parallèlement va vite acquérir un nouveau venu dans le domaine du partage des petites séquences animées en boucle : Vine.
Vine était un réseau de diffusion et de partage de séquences animées de 6 secondes tournant en boucle. Plus de 5 milliards de « Loops » (boucles) ont été proposés en partage sur Vine. Aujourd’hui le réseau est complètement intégré à Twitter mais les boucles de Vine ne sont plus visibles sur le site https://vine.co/.
C’est techniquement différent des images au format GIF , puisqu’il s’agit d’extraits de vidéos sonores encodées en H264. Ca ressemble au GIF mais ce n’est pas du GIF. Autrement dit, plus de limitation à 256 couleurs et du son en plus … 
Mais, contrairement aux animations sur Vine qui sont des boucles d’images entières, les images GIFs proposent toutes sortes d’animations basées sur un simple détail, l’image entière, une plage de couleur, une zone particulière, etc…   
Une bonne part des GIFs animés sont créés avec des logiciels de retouche photo qui offrent une large palette  de techniques d’animations. Ils sont issus également d’applications de smartphones qui tentent de se distinguer les unes des autres avec des fonctionnalités différentes. On peut également les créer directement en ligne sur comme GIF Maker , GIF Creator ou bien encore sur le site musée du GIPHY Gifmaker. Le point commun de toutes (ou presque toutes) ces applications est de pouvoir faire des boucles aussi bien à partir de photographies que de vidéos et de les transformer avec une large palette d’outils. 
L’examen des galeries ou  musées  en ligne des « animated loops » permet de mesurer la grande richesse des démarches plastiques et narratives. Pour les GIFs le plus célèbre est certainement GIPHY https://giphy.com/. Il y a aussi GIFART http://www.gifart.org/  plus orienté vers les réalisations artistiques. 
Les milliers de boucles y sont classées en catégories. Sur GIPHY elles sont nombreuses et portent sur les thèmes, les genres, les procédés, les destinations, etc.
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Le journal animé dans le premier Harry Potter (2001), n'est pas un GIF mais`… de la magie ! Cette séquence s'est retrouvée dans le monde du GIF.

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Le praxinoscope
L'objet historique

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… et la reconstitution du praxinoscope en GIF

4- Quelques catégories répandues de GIF.
Des millions de GIF animés circulent sur internet constituant une vaste et improbable encyclopédie numérique. Quelques grandes « familles » de GIF se dégagent :

Le GIF pour rire
Le  burlesque et l’absurde forment un univers omniprésent. C’est celui de l’humour, du grotesque, de la parodie, de la caricature, etc…  Le GIF parodique est très populaire. Il se manifeste beaucoup avec le  détournement d’œuvres d’art célèbres ou de films cultes Exemple : http://www.laboiteverte.fr/des-scenes-de-films-cultes-en-gif/

Le Gif Hypnotique La répétition cyclique d’une série d’images souvent non narratives, entièrement dédiée au plaisir de l’illusion optique.  
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Le GIF pour rire

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Gif Hypnotique

Le Gif mème Un « mème » Internet est une image, un texte, une vidéo, un concept dont la diffusion se fait massivement via Internet. En général, c’est une image ou une vidéo, souvent comique, qui a fait du « buzz » dans la communauté Internet. La définition du mème est donc assez large : il suffit que le concept se soit diffusé principalement ou seulement via Internet et de façon massive, via les imageboards, les forums, les réseaux sociaux… A l’origine il y a l’expression anglaise « meme internet » qui a pour définition : élément d'une culture ou d'un ensemble de comportements qui se transmet d'un individu à l'autre par imitation ou par un quelconque autre moyen non-génétique. L’un des plus célèbres est le meme « Nyan Cat », un chat avec une traînée arc-en-ciel, qui a été repris, modifié, parodié par plus de 150 millions d’internautes.
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« Nyan Cat », célèbre Gif mème

Le Cinémagraph En 2011 le GIF animé s’installe dans un nouvel espace de création : la photographie de mode. Kevin Burg, graphiste internet, et Jamie Beck, photographe new-yorkaise, collaborent pour inventer  cette nouvelle technique d’animation photographique. L’animation ne concerne plus qu’une partie de l’image. Des mouvements subtils de certains détails , des changements d’atmosphère, donnent l’impression de voir une photographie qui bouge plutôt qu’une animation. Le Cinémagraph révolutionne dans un premier temps la photographie de mode puis la photographie dans son ensemble sur internet. Jusqu’à présent, le monde du GIF regroupait une grande variété de productions. Certains GIFs témoignaient d’une belle créativité mais beaucoup se distinguaient plus pour leur côté amusant  que pour leurs qualités plastiques. Le Cinemagraph apporte à l’univers des images en boucle une ambiance et une dynamique toute particulière.
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Deux Cinémagraphs

Le GIF deparallax Présenté comme une variante du Cinémagraph, ce GIF se caractérise par des effets de mouvements verticaux et/ou horizontaux de certaines parties de l’image.
 
Le GIF split-depth Il s’agit d’un procédé qui donne l’illusion qu’une partie de l’image  se détache en simulant un effet 3D.
 
Le GIF analogique La popularité actuelle du GIF traduit bien ce regain d’intérêt pour les formes expérimentales de l’animation et des effets optiques. Comme un clin d’oeil aux jouets optiques qui ont précédé l’invention du cinéma, on peut aujourd’hui se procurer un giphoscope, sorte de lecteur analogique de GIF. Cet appareil vendu plusieurs centaines de dollars rappelle le mutoscope de 1860. Quant aux autres appareils optiques du XIX, ils fascinent toujours autant mais ne sont plus présentés uniquement comme un avant-goût du cinéma mais également comme un ancêtre du GIF animé.

Le Gif décoratif
Les premières années le GIF animé est rapidement devenu un élément décoratif tentant de dynamiser l'aspect statique et terne des pages html. Il aura souvent un rôle fonctionnel avec les boutons, les flêches, les icônes, etc... Les plus célèbres sont le "GIF chantier" pour designer une page en construction et le GIF 404 pour remplacer le message d'erreur 404 des pages introuvables.
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Le GIF deparallax

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GIF split-depth

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GIF analogique
(Imitation du giphoscope)