Les arts au lycée Louis Feuillade

Arts Plastiques et Cinéma-Audiovisuel

Louis Feuillade
Dossier réalisé par des élèves de cinéma en 2010
Louis Feuillade est  né à Lunel le 19 février 1873. 
Il est mort à Nice en 1925.


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Sa jeunesse

Louis Feuillade est issu d'une famille modeste. Son père est commissionnaire en vin. Sa famille, très pieuse, lui assure une instruction catholique qui se conclue en 1891, à l'Institut Religieux de Carcassonne, par l'obtention du baccalauréat. Afin d'entamer le plus rapidement possible sa vie d'homme adulte, le jeune Louis s'engage dans la Cavalerie (4° Régiment de Dragons à Chambéry), devançant ainsi ses obligations militaires. Le 31 octobre 1895, il peut enfin épouser la jeune fille d'un marchand de fruits lunellois. De cette union naîtra une fille, Isabelle, dont il restera toujours très proche. Mme. Feuillade, de santé fragile, décèdera en 1911, après plusieurs années de maladie.
Jeune home, Louis s’intéresse à la littérature et écrit de nombreux projets de drames et de vaudevilles. Il propose à la presse locale des poèmes assez médiocres mais c’est surtout grâce à ses articles passionnés sur la tauromachie qu’il construit localement sa réputation.
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Paris

Louis s'établit comme courtier en vins. Mais, en 1898, au décès de ses parents, plus rien ne le retient dans sa ville natale. Il laisse l'affaire familiale aux mains de ses frères, et monte à Paris pour y conquérir la gloire littéraire. Mais il faut avant tout trouver du travail. Recommandé par un “pays”, il devient dans un premier temps comptable à ‘la Maison de la Bonne Presse’, dont il démissionne avec fracas en 1900. Il exercera ensuite pendant quelques temps la profession de représentant en vins, Louis Feuillade, qui a souvent taquiné la Muse dans sa jeunesse, se sent une âme de journaliste. En septembre 1903 il fonde un hebdomadaire satirique, "La Tomate", qui ne marchera que 3 mois.
En 1904 il collabore ensuite au journal monarchiste "Soleil" puis à la "Revue Mondiale" comme secrétaire de rédaction. En 1905 il parvient à faire jouer quelques pièces de théâtre, comme "Le Clos", acte en vers présenté à Béziers et dont il est co-auteur.
Mais l'écriture le tente toujours et il ose présenter des scenarios chez Gaumont, société originellement tournée vers la photographie, mais qui prétend depuis quelques années à des ambitions cinématographiques (1905).
Gaumont

Rapidement, il devient le scénariste attitré de celle qui est connue comme la première femme réalisatrice de l'histoire du septième art,
Alice Guy. Dès 1906, il co-réalise, avec sa protectrice, quelques petits films aujourd’hui perdus. Dès lors il devient entièrement responsable de ses films. Son premier film personnel à ce jour identifié est comique : C'est papa qui prend la purge (1907). En 1907, Alice Guy doit suivre son époux Herbert Blaché nommé responsable de la succursale de Gaumont à Berlin, et suggère à Léon Gaumont de nommer Louis Feuillade au poste de directeur artistique. À partir du 1er avril 1907, le voici donc responsable des choix artistiques d'une compagnie cinématographique française dont l'ambition est de concurrencer la maison Pathé.
Travailleur acharné, il va réaliser en vingt ans environ 800 courts et moyens métrages dont malheureusement plus des deux tiers ont aujourd’hui disparu. Il filme avec la rigueur documentaire des frères Lumière et la fantaisie de Georges Méliès dont il devient le grand rival. Il aborde tous les genres: le burlesque, les mélodrames, le fantastique humoristique, l’anticipation, les films historiques et même des «péplums» qui traitent de la mythologie, de l’histoire sainte ou de l’époque romaine.

En 1910, Louis Feuillade est l’un des inventeurs du feuilleton au cinéma avec sa série sur Bébé, joué par le jeune René Dary tout juste âgé de cinq ans et qui va tourner en trois ans près de soixante-dix films ! Suivra, à partir de 1913, une autre série avec un enfant: "Bout de Zan" interprété par René Poyen. Entretemps, dès 1910, pour contrebalancer 'Le Film d'Art' (l'Assassinat du Duc de Guise), Louis Feuillade promeut la série Gaumont "Le Film Esthétique", pour laquelle il mettra en scène des œuvres religieuses, Pater, Les Sept Péchés Capitaux, La Nativité, La Vierge d'Argos et des histoires inspirées de la civilisation gréco-romaine. Cette tentative n'eut pas le succès escompté et fut interrompue dès l'année suivante. Louis Feuillade entreprend alors La vie telle qu'elle est , nouvelle série de films supposés montrer des “scènes de la vie réelles”, concurrençant la série de ce nom de la Vitagraph.
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La gloire

Mais c'est davantage au travers des cinq films réalisés en collaboration avec Pierre Souvestre et Marcel Allain et consacrés au personnage de Fantômas que Louis Feuillade termine brillamment la première partie de sa carrière, fidélisant un public aussi captivé qu'il le fut par les livres originaux. Citons donc, entre 1913 et 1914, «Fantômas», «Juve Contre Fantômas», «Le Mort qui Tue», «Fantômas contre Fantômas» et «Le Faux Magistrat», tous interprétés par René Navarre (qui se fera connaître après guerre comme réalisateur).

En ce temps là, en France comme ailleurs, les artistes “appartenaient” à la firme qui les “nourrissait”. Ainsi retrouve-t-on souvent les mêmes noms aux génériques des films Gaumont, et Louis Feuillade emploie fréquemment des acteurs aujourd'hui totalement inconnus, comme Edmond Bréon, Marcel Levesque ou Renée Carl.
La guerre surprit Louis Feuillade en plein tournage. Les techniciens et artistes en âge de l'être, comme René Navarre, sont appelés sous les drapeaux. Les autorisations de projections cinématographiques se font rares. Mais, au début de l'année 1915, sur les instances de son patron, Louis Feuillade reprend ses caméras et réalise quelques drames patriotiques («Deux Françaises»,«Union Sacrée»,...)... avant de se voir appelé à son tour.
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Réformé en juillet 1915 pour troubles cardiaques, il reprend aussitôt ses fonctions au sein de la maison mère.

Le concurrent éternel annonce la présentation française du film à épisodes «The Exploits of Elaine / Les Mystères de New York», présenté sous forme de ciné-roman: le public lisait le feuilleton dans la presse avant d'aller voir le film en salles. Il faut réagir. Tout d'abord, trouver l'actrice capable de rivaliser avec Pearl White: ce sera Jeanne Roques, alias Musidora (qui apparaît à partir du 3° épisode). L'acteur principal, Edouard Mathé, a remplacé Navarre au sein de l'écurie. Personnifiant le reporter Philippe Guérande, il lutte, non sans mal, contre les forces obscures du Mal, incarnées par le Chef des «Vampires» dans une série de 12 films présentés sur autant de semaines consécutives.

Las de voir sa police ridiculisée en place publique, le préfet de police de Paris - le vrai - fait interdire un temps les projections publiques du film! Mais force reviendra à Guérande et à la loi … Portée aux nues par les surréalistes, «Les Vampires» demeure la série désignée par les spécialistes (qui l'ont vue!) comme marquant l'apogée de la carrière du maître.

Plus conforme à la morale bourgeoise, «Judex», ciné-roman en 12 épisodes tournés en 1916 et présentés en 1917, valorise davantage le héros positif. Interprétés par René Cresté et Musidora, les protagonistes, Judex et Diana Monti, se disputent, pour des causes opposées, la fortune d'un banquier véreux. Mais les conventions ont chassé l'originalité, et le film comme sa séquelle, «La Nouvelle Mission de Judex» (1918), sont généralement mal considérés par la critique moderne.
Moins connus mais plus esthétiques, «Tih Minh» (1919) et «Barabbas» (1920) reprennent la trame (mystère) et la forme (12 épisodes) des oeuvres précédentes, tandis que «Vendémiaire» (1919), hymne à la vigne source de vie, retour aux origines héraultaises, se voit qualifié de “chef-d'oeuvre du réalisme poétique”.

Mais les modes passent vite et Louis Feuillade prend de l'âge. La guerre est terminée; la paix lui assure une certaine notoriété, qui lui confère des “devoirs moraux”… Le cinéaste, qui a déjà recentré ses héros du côté du Bien, va désormais les diriger vers le Coeur.

Dans cette veine se placent quelques unes de ses dernières réalisations, aux titres aussi évocateurs qu'interchangeables: «Les Deux Gamines», «L'Orpheline», «La Gosseline», «L'Orphelin de Paris», «Le Gamin de Paris»... (Mélo) drames aux rebondissements aussi multiples que prévisibles, ils font naître toute une série de plagiats qui plongent la France dans un torrent de larmes.

Plus original, davantage tourné vers l'aventure, «Le Fils du Flibustier» (1922), son dernier ciné-roman en 12 épisodes, donne l'occasion à Aimé Simon-Girard, fraîchement auréolé de son succès dans «Les Trois Mousquetaires» (1921), de recomposer un personnage virevoltant et batailleur dans une oeuvre ou réalisme et imagination se mélangent habilement.

Entre temps, le réalisateur a épousé, en seconde noces, son interprète de «Vendémiaire», l'actrice Lugane (Georgette Lagneau).

Epuisé par une vie de travail jusque là sans interruption, contraint à un repos complet durant l'été 1924, Louis Feuillade réalise ses deux derniers films avec l'aide de son gendre, Maurice Champreux. Il décède à 52 ans, le 26-2-1925, à Nice, des suites d'une péritonite, quelques jours à peine après avoir achevé «Le Stigmate».
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Son oeuvre comporte plus de 800 titres  :

La vengeance corse (1907)
Le cul-de-jatte emballé (1908)
Un facteur trop ferré (1908)
Belle - Maman n'ira plus à la fête (1908)
Le tic (1908); L'homme aimanté (1908)
Le thé chez la concierge (1908)
La journée d'un-non gréviste (1908)
Le récit du colonel (1908)
Vive le sabotage (1908)
La ceinture électrique (1908)
C'est papa qui prend la purge (1908)
Le rêve des apaches (1908)
Le roman de soeur Louise (1908)
L'aveugle de Jérusalem (1909)
La chatte métamorphosée en femme (1909)
La cigale et la fourmi (1909)
Le collier de la reine (1909)
Judith et Holopherne (1909)
La mort de Mozart (1909)
Le huguenot (1909)
série des Bébé: Bébé apache, Bébé fume, Bébé pêcheur... (1910)
Benvenuto Cellini (1910)
Le festin de Balthazar (1910)
1814 (1910)
Le roi de Thulé (1910)
Aux lions les chrétiens (1911)
série des Bébé: Bébé agent d'assurances, Bébé a le béguin, Bébé est socialiste, Bébé fait chanter sa bonne... (1911)
Le destin des mères (1911)
Le roi Lear au village (1911)
Androclès (1912)
L'attrait du bouge (1912)
Série des Bébé: Bébé a la peste, Bébé chez le pharmacien, Bébé et le satyre, Bébé se noie, Napoléon, Bébé et les Cosaques... (1912)
.Le mort vivant (1912)
Le nain (1912)
La course aux millions (1912)
Les cloches de Pâques (1912)
Le proscrit (1912)
L'homme de proie (1912)
Le revenant (1912)
Série La vie telle qu'elle est: Le mariage de l'aînée, Les vipères, En grève..., Erreur tragique (1913)
Un drame au Pays basque (1913)
Le secret du forçat(1913)
Série des Bout de Zan: Bout de Zan et le cigare, Bout de Zan et le crocrodile, Bout de Zan et sa petite amie (1913)
Série des Bout de Zan: Bout de Zan et le cigare, Bout de Zan et le crocrodile, Bout de Zan et sa petite amie (1913)
série des Bébé: Bébé en vacances... (1913)
Fantômas (1913)
Juve contre Fantômas (1913)
Le mort qui tue (Fantômas III, 1913)
La vengeance du sergent de ville (1913)
La mort de Lucrèce (1913)
Fantômas contre Fantômas (1914)
Le faux magistrat (Fantômas, V, 1914)
Série des Bout de Zan: Bout de Zan pacifiste, Bout de Zan écrit ses maximes, Bout de Zan a la gale, Bout de Zan a le ver solitaire, etc. (1914)
L'agonie de Byzance (1914)
Le calvaire (1914)
Série La vie drôle: L'hôtel de la Gare, Le Jocond, Le gendarme est sans culotte, Le coup du fakir, Le furoncle, etc. (1914)
Les vampires (12 épisodes, 1915)
Série des Bout de Zan: Bout de Zan veut s'engager, Bout de Zan est patriote, Bout de Zan et la torpille, etc. (1916)
Judex (12 épisodes, 1916)
Lagourdette gentleman cambrioleur (1916)
La peine du talion (1916)
Si vous ne m'aimez pas (1916)
La nouvelle mission de Judex (12 épisodes, 1917)
Vendémiaire (1918)
Tih-Minh (12 épisodes, 1918)
Le bandeau sur les yeux (1918)
Les petites marionnettes (1918)
L'homme sans visage (1919)
L'engrenage (1919)
Nocturne (1919)
Énigme (1919)
Barrabas (1920)
Les deux gamines (12 épisodes)
Série des Biscotin: Biscotin candidat, Biscotin neurasthénique (1920)
L'orpheline (1 2 épisodes, 1 921)
Parisette (12 épisodes, 1921)
Gustave et le médium (1921)
Zidore (1921)
Séraphin ou les jambes nues (1921)
Le fils du flibustier (1922)
Gaétan ou le commis audacieux (1922)
Le gamin de Paris (1923)
Vindicta (1923)
Gosseline (1923)
Pierrot-Pierrette (1924)
Une fille bien gardée (1924)
Lucette (1924), L'orphelin de Paris (1924)
Le stigmate (achevé par Champreux, 1925).
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Les Vampires 1915

Louis feuillade raconte ses débuts :
"Le cinéma me fut révélé en 1906 par André Heuzé. Je remplissais à la Revue mondiale la fonction de secrétaire de rédaction quand il fut engagé chez Pathé comme auteur-metteur en scène. Va porter tes scénarios chez Gaumont, me dit-il. On voulut bien les accueillir et m'inviter à entrer dans cette maison."
La première usine Gaumont à Paris

La première usine Gaumont

Lunel au début du XX siècle

Lunel au début du XX siècle